MAKE UP TO BREAK UP : Ma Vie avec et sans Kiss (2014)
Auteur : Peter Criss & Larry "Rasto" Sloman
Traduction : Angélique Merklen
Langue : Français
Parution : 16 janvier 2014
Maison d'édition Française : Camion Blanc
Nombre de pages : 548
Genre : Biographie
Dimension : 15 x 21 cm
ISBN-10 : 2357794593
ISBN-13 : 9782357794597
Après No Regrets, la biographie d'Ace Frehley, je viens aujourd'hui vous parler de Make-up to Break Up, Ma vie avec et sans KISS, celle de Peter Criss, qui complète ma connaissance d'un groupe qui je dois l'avouer, ne m'a jamais fasciné... Je comprends que la KISS Army ait compté des millions de fans à travers le monde, je comprends aussi que ce groupe à part fascine toujours quarante ans après sa formation, mais je me suis toujours senti étranger à cette passion, bien que j'admette que certains de leurs titres soient très accrocheurs, et qu'ils aient "réinventé" un style à leur sauce. Mais que voulez vous, comme dirait Wayne "Même Led Zep n'écrivait pas de chansons universelles...".
Cela dit, ne tergiversons pas, j'ai dévoré cette nouvelle biographie avec avidité. Si elle présente beaucoup de similarités avec celle du space man, notamment dans la description offerte des deux leaders inamovibles du quatuor, le ton est différent, plus tragique, plus cru, plus réaliste, et du coup, elle se lit très facilement et avec beaucoup de plaisir.
Peter Criss, c'est un peu l'histoire de Rocky. L'histoire d'un petit immigré italien qui avait des rêves de grandeur, et qui s'est battu jusqu'au bout pour les réaliser. Battu avec ses poings, son mental, et son talent, sans jamais baisser les bras, ni poser ses baguettes. Né à Brooklin pendant les années 40, George Peter John Criscuola a bénéficié dès le départ du soutien de ses parents qui n'ont jamais bridé ses aspirations artistiques. Sa jeunesse ressemble d'ailleurs à celle d'un certain George Harrison, qui lui aussi vécut son enfance de façon très modeste, sans que sa famille ne l'oriente vers un métier plus pragmatique, et qui a pu s'exprimer à sa façon. Et sa carrière dans KISS prolongera d'ailleurs le parallèle comme vous le découvrirez en parcourant les chapitres.
Avant de rencontrer Paul Stanley et Gene Simmons, Peter a traîné des guêtres dans pas mal de groupes locaux, jouant de ça et de là et offrant sa frappe musclée à qui semblait apte à proposer sa musique un peu partout. Arpentant les petits clubs, les bars, Peter forge sa personnalité haute en couleur et affine son jeu, devenant de fait un batteur redoutable à la frappe solide et inventive. Et c'est après de nombreuses années de galère qu'il fera la rencontre de sa vie, pour enfin trouver sa place au sein d'un combo qui allait laisser dans l'histoire de la musique une emprunte indélébile.
De son histoire avec KISS, Peter n'occulte rien. Et ne regrette pas grand chose, à l'instar du space cadet son acolyte Ace. Sans doute parce qu'ils ont vécu la même histoire ensemble, en tant que jumeaux Rock de Harrison et Starr, portions congrues d'un ensemble voué à l'hégémonie de ses deux principaux compositeurs qui ont bien souvent traité leurs comparses comme quantité négligeable. Peter dresse d'ailleurs un portrait équivoque de son ancien chanteur et de son ancien bassiste. Si Paul est celui qui se sort de l'affaire à moindre mal, Gene est la plupart du temps décrit comme un monstre calculateur, avide de sexe, de gloire et d'argent, sans état d'âme, et avec un sens de l'hygiène plus qu'approximatif. Les anecdotes à son sujet font souvent remonter votre estomac au bord de vos lèvres. Certes, la véracité de celles-ci reste à prouver, mais le passage narrant le dégoût de Paul Stanley chantant dans le même micro que Gene, et s'apercevant que celui ci à une haleine fétide due à la présence de sang menstruel sur ses dents est une apothéose à elle seule... Romantiques s'abstenir !
D'anecdotes, Make-up to Break Up en est constellé. Tragiques, comiques, nostalgiques, elles soulignent toutes les périodes de la vie de Peter, et servent souvent à mettre l'emphase sur des éléments dramatiques, ou au contraire glorieux. Et si Peter à souvent tendance à se poser en victime (à raison la plupart du temps), ou à tomber dans la commisération, on ne peut lui reprocher le côté franc de ses propos. Il est de notoriété publique (et les fans les plus hardcore du groupe ne sauront me contredire) que Gene et Paul se sont toujours considérés comme les leaders "naturels" de KISS, les créateurs du groupe et les garants de sa légende. Les deux compères ont la plupart du temps préféré laisser dans l'ombre Peter et Ace, s'appuyant sur leur comportement erratique et leur consommation de drogue et d'alcool. Il est donc normal que Peter, au travers de sa biographie, cherche à rétablir quelques vérités passées à la trappe, ou minimisées. N'oublions pas que c'est lui qui est responsable du plus gros hit US du groupe (le mythique "Beth"), et que sa personnalité était en son temps la préférée des fans, à hauteur de celle d'Ace. Et si ses relations avec ses anciens "employeurs" sont aujourd'hui au point mort, ça n'est pas faute d'avoir tenté toutes les concessions possibles et d'avoir bien souvent accepté d'être humilié financièrement et humainement. Mais il fallait bien éponger des dettes...
Car outre son parcours musical, Peter nous narre aussi son aventure humaine, et notamment ses histoires d'amour les plus marquantes avec ses trois femmes, mais aussi ses amitiés, sa famille, et même certaines connexions avec le milieu qu'il aurait préféré éviter. Comme tous les membres de KISS, Peter est un homme à femmes. Comme il le dit si bien lui même, il a couché avec un nombre incalculable de groupies (soulagez vous avec la narration du tournage du clip qui dégénère en scène de partouze masquée à la Eyes Wide Shut...), mais n'a vécu sérieusement qu'avec trois partenaires. De ses deux premières femmes, il ne cache pas grand chose. Si la première tentait de lui apporter la normalité dont il avait besoin, la seconde – un mannequin – tombait dans les mêmes vices que lui, et lui a laissé beaucoup de remords et un bien maigre os à ronger.
Peter nous offre aussi une vue d'ensemble de sa carrière solo, qui il faut l'avouer n'a jamais été très brillante. Si Ace a réussi à faire illusion dans les 80's avec sa Frehley's Comet, Peter n'est parvenu à graver que quelques sillons au travers des années, même si son parcours dans les 90's a semblé lui permettre de remettre sur pied un groupe fiable, et de tourner dans quelques clubs, sans jamais bien sur tenter d'égaler son rayonnement du temps de KISS. Et lorsque ceux-ci lui proposent de rejoindre le groupe pour une reformation du line-up d'origine, il n'a pas hésité bien longtemps. Avant de déchanter une fois de plus, en constatant que le caractère de ses anciens partenaires n'avait pas changé, et s'était même durci. Mais retrouver la gloire une dernière fois l'aura sans doute rassuré et apaisé, et permis d'aborder la fin de sa carrière avec un arrière goût moins amer dans la bouche.
Admettons le, Make-up to Break Up, Ma vie avec et sans KISS, est un livre très agréable. Ecrit en étroite collaboration avec Larry Sloman, son style est oral, vif, et s'embarrasse peu de principes rhétoriques. Peter nous présente l'histoire in situ, anime ses chapitres de détails croustillants et ne laisse que peu de place à l'anecdotique ou à la répétition. Si une fois de plus, les photos présentes dans l'ouvrage n'ont que peu d'intérêt (un effort serait d'ailleurs souhaitable de ce côté là, pour que tous les livres n'aient pas cet aspect "fanzine" un brin dérangeant) de part leur taille ou leur qualité, le reste du bouquin saura contenter tout le monde, des fans de KISS aux néophytes désireux d'en savoir un peu plus sur la vie d'un homme attachant, d'un musicien à l'influence considérable, et du quart d'un groupe légendaire, aussi raillé que célébré. Certes, une fois de plus messieurs Stanley et Simmons ont du avoir l'oreille droite qui a bien sifflé, mais impossible d'en vouloir à Peter d'avoir voulu présenter SA vision des choses, aussi objective parfois qu'elle peut être subjective lorsqu'il le faut. Et il est amusant que j'ai fini la lecture de ce livre au moment même ou Ace et Peter ont officiellement refusé d'apparaître dans le documentaire officiel sur KISS réalisé par Alan G Parker, pour cause de désaccords flagrants avec Gene et Paul. Décidément, cette histoire ne finira jamais...
Mais comme le dit Peter lui même si souvent : "Ca ne sera jamais mieux que ça".
Ajouté : Jeudi 08 Mai 2014 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Camion Blanc Website Hits: 36566
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