EDGUY (de) - Elysée Montmartre Paris (12/01/09)
Groupes Présents au concert : EDGUY + ANDRE MATOS + H.E.A.T
Date du Concert : Lundi 12 janvier 2009
Lieu du Concert : Elysée Montmartre (Paris, France)
Voici une date que les métaleux franciliens avaient du cocher depuis longtemps sur leur calendrier flambant neuf. Premier gros concert Heavy de l'année, avec des têtes d'affiches rompues aux joutes parisiennes, et des figurants venus du froid pour en découdre avec les planches de l'Elysée Montmartre, et une affluence des grands soirs.
Lorsque H.E.A.T entre en scène, on se croit revenu vingt ans en arrière, la grande époque d'EUROPE, les débuts de FATE, ou l'explosion de SURVIVOR. Le tout avec les looks qui vont avec, brushing et costumes d'époque ! La surprise passée, l'appréhension de n'assister qu'à un tribute au hard fm de leurs idoles s'estompe aussi rapidement. Les suédois, s'ils s'inspirent largement de leurs aînés, remettent au goût du jour ces mélodies et ces rythmes entêtants, en y ajoutant de la puissance et de la fraîcheur. Emmenés par un chanteur surdoué, à la voix incroyable pour ses 22 ans, ces jeunes morts de faim vont faire grosse impression. Visuellement, c'est agréable, ça bouge, ça frise le ringard sans s'y engager tout à fait, ça donne envie, et fait plaisir à regarder. « Never Let Go » ou « Straight For The Heart » sont on ne peut plus engageant, et bien que le public ne participe pas beaucoup, ces titres enlevés vont contribuer à chauffer peu à peu la salle. Notons un super son pour une première partie. Une bonne surprise, à suivre de près.
L'Elysée est plein comme un œuf, même si une aile est fermée. On sent les quelques 800 fans trépigner, et la rumeur enfler peu à peu, fébrile, anxieuse, impatiente... Il faut dire que André Matos ne s'est pas produit à Paris depuis 2002, et cette tournée avec SHAMAN ! Un très bon album sorti sous son nom, et le showcase donné il y a plusieurs mois au Hard Rock Café ont laissé entrevoir de belles promesses, faisant de cette tournée avec EDGUY une échéance très attendue.
Les lumières s'éteignent, et l'intro de « Rio » retentit enfin. André entre en scène de manière théâtrale, goûtant avec satisfaction à l'ovation incontrôlée que lui accorde le public parisien. Autour de lui, des visages connus, comme Luis Mariutti qui suit Matos depuis ANGRA, ou son frère Hugo (guitare) qui a participé à l'aventure SHAMAN, tout comme Fabio Ribeiro (claviers). « Zaza », l'autre gratteux, a participé à la génèse d'ANGRA, avant de quitter le groupe avant l'enregistrement de Angel's Cry. On est donc en famille ! Et comme on se connaît si bien, sur scène, ça dépote sans le moindre accroc, et avec un grand professionnalisme. Cela ne donne pas grand chose niveau spectacle (ni backdrop, ni décor, un jeu statique des musiciens), mais la production sonore est de grande qualité. Les deux guitares se partagent les soli, Hugo Mariutti et son jeu plus Thrash, parfois légèrement brouillon, répondant au sieur Hernandez, plus appliqué. Matos est très en voix, même les notes les plus aiguës dont il a fait sa marque de fabrique passent sans encombre. Il envoie aux détours de morceaux de son premier disque solo quelques classiques intemporels de sa composition, parmi lesquels « Nothing To Say » ou « Lisbon », qui remportent un succès presque hystérique. La foule s'enflamme pour ces témoignages d'un autre temps, où on voyait arriver du Brésil de quoi concurrencer le Speed Metal européen, avec le charme en plus. André mène sa troupe à la baguette, tout comme la partie instrumentale de « Nothing To Say » qu'il dirige comme un chef d'orchestre devant un public aux anges. « Letting Go » ou « Unleashed Away », mettent le feu, avant qu'André et sa troupe ne disparaissent en coulisse, au son de l'allegro d'Albinoni qui annonce traditionnellement le plus grand tube d'ANGRA : « Carry On ». Son refrain est repris d'une seule voix par le public, jusqu'à la dernière note, et les adieux du maître, en français bien sûr, qui promet de revenir très vite. On nous le souhaite... vivement.
Fort d'un nouvel album bien reçu par la critique et les fans, malgré un revirement important au niveau du son du groupe unanimement dénoncé, et d'une belle exposition dans les médias, EDGUY arrive à Paris en terrain conquis. Avec Tobias comme atout de séduction numéro un, et assez d'expérience dans leurs bagages pour faire de cette nouvelle tournée une énième consécration à l'échelle européenne, les allemands n'ont aucuns soucis à se faire ce soir. C'est d'ailleurs sur trois extraits de Titannus Sanctum que débute le concert, coup sur coup, comme autant de banderilles sur les flancs des préjugés et des propos selon lesquels le groupe aurait succombé aux sirènes commerciales avec ce nouveau disque. « Dead Or Rock », « Speedhoven » et « Nine Lives » sont certes très accessibles, mais prennent sur scène une autre ampleur, et gagnent en puissance. Même ceux que le dernier opus n'a pas emballé commencent à se dire qu'ils ne perdront pas leur soirée. D'autant plus que Sammet a l'air très en forme, affublé de tout son bling-bling habituel, et d'une coupe de cheveux grotesque totalement en rapport avec le personnage. Son humour est toujours ravageur et a un succès dingue, même s'il ne vole pas haut. Après avoir évoqué la taille du sexe de Jens Ludwig, il annonce « Until We Rise Again », un vieux morceau que l'audience semble avoir zappé, et qui n'est pas favorisé par un son qui devient brouillon, en plus d'être trop fort. Un gigantesque décor est déployé en fond de scène, mis en valeur par un jeu de lumières grandiloquent, idéal pour lancer les dix minutes de « The Pharaoh » qui nous attendent. Peu interprété en live, ce titre de Mandrake s'avère tout bonnement indigeste, notamment ses passages atmosphériques qui auraient pu être raccourcis. Anesthésié, le public courageux se rattrape sur les nouveaux brûlots « Ministry Of Saints » (ultra pop celui-là !), et « Pride Of Creation », entrecoupés d'un solo de batterie original sur le thème du « Pirate des Caraïbes ». C'est traditionnellement le moment où l'on fait un premier bilan accoudé au bar, sur ce que l'on vient de voir. Si les garçons sont toujours aussi bons et efficaces, il reste comme un goût amer. Leur progression fulgurante les a fait atteindre des sommets inespérés bien trop tôt, et depuis quelques années, ils n'apportent plus grand chose à leur jeu. Si individuellement ils gagnent en maturité et en expérience, et si Tobias est un des meilleurs frontman de la scène actuelle, on reste sur notre faim, en attendant quelque chose de foncièrement nouveau, et surprenant. La surprise de la soirée vient peut-être de « The Headless Game », un des rares morceaux réellement speed de la setlist, du très bon « Theater Of Salvation ». « Out Of Control », que l'on préfère toujours sur l'album grâce à l'apport d'Hansi Küsch sur le refrain, est également un bon moment du concert. Mais la nouvelle tournure que prend la discographie d'EDGUY se confirme lorsque parmi les rappels, on ne retrouve que des hymnes faciles tendances fm : « Save Me » (grosse participation du public), « Superheroes », « Lavatory Love Machine » et « King Of Fools ». Aussi sympas qu'ils soient, et quel que soit le succès qu'ils rencontrent, on peut légitimement être perdus par ce virage. Qu'importe, l'affluence du soir et l'ambiance formidable qui régnait à l'Elysée parlent d'elles-mêmes. Et Tobias annoncera à la fin du show son retour d'ici deux ans, et pour les 25 prochaines années, à Paris, tant il « aime ce pays, cette ville... » etc, etc... On aurait préféré qu'il profite de ce soir-là pour inviter André Matos pour un duo, ou pour fournir une setlist plus musclée...
Ajouté : Dimanche 18 Janvier 2009 Live Reporteur : JB Score : Lien en relation: Edguy website Hits: 42725
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