L'AGE DU METAL (2007)
Auteur : Robert Culat
Langue : Français
Parution : septembre 2007
Maison d'édition : Camion Blanc
Nombre de pages : 519
Genre : Etude sociologique sur le Metal
Dimension : 15 x 21 cm
ISBN-13 : 9782910196561
Il y’a eu l’âge de pierre, place désormais à L’Âge du Metal ! C’est grâce aux relations humaines que votre serviteur est aujourd’hui à même de vous relater le contenu de cet excellent ouvrage signé du père Culat. Découvert par le biais du livre Satan profane - Portrait d’une jeunesse enténébrée du sociologue Nicolas Walzer, l’entreprise de Robert Culat se veut être une démarche pleine de tolérance et de respect. Son dessein : abattre les frontières qui se sont trop longtemps dressées entre musique Metal et religion. Car le CV de cet homme est assez inhabituel pour un métalleux. Robert Culat, né en 1968 est actuellement prêtre du côté de Carpentras. Ce globe-trotter est tombé dedans en septembre 1994, lorsqu’il s’occupait de l’aumônerie du lycée public d’Orange et plus précisément, le jour où deux métalleux (dont un du groupe CORTEGE) se sont présentés à lui dans le but de rejoindre l’aumônerie. Un questionnaire, un dévouement acharné et treize ans plus tard, c’est cette fantastique étude sociologique sur le profil des fans de Metal qui paraît sur Camion Blanc.
La méthode de travail du prêtre aura été de diffuser massivement, à partir de février 2000, un questionnaire comprenant 22 questions d’ordre général sur le Metal telles que « Comment êtes-vous entré en contact avec la musique Metal ? », « Depuis combien de temps êtes-vous fan de Metal ? » ou encore « Votre rapport à la religion ? ». Les 550 réponses reçues lui permettront de dresser un portrait-robot du métalleux type, de son caractère, de son état d’esprit. Chaque question posée et ses réponses font l’objet d’un travail d’analyse minutieux. De plus, le père Culat agrémente toujours ses commentaires de citations, ce qui a le don de fournir une crédibilité certaine aux conclusions. La deuxième partie de l’ouvrage consiste en une série d’annexes qui aborde des thèmes brûlants comme le rapport entre « chrétiens et métalleux » ou « l’antichristianisme dans le Metal ». Toujours avec un ton posé et un regard lucide, l’auteur tente l’ouverture d’un dialogue entre deux univers qui se tirent régulièrement dans les pattes. Les annexes laissent davantage la parole aux artistes avec de nombreux extraits d’interviews formidables d’enseignements (KILL II THIS, MARILYN MANSON, MORTIFICATION…). De même, d’un homme d’Eglise, on ne pouvait éviter les innombrables passages de la Bible visant à rétablir certaines injustices. Il me faut pour ça citer l’opinion de l’auteur au sujet de ces incohérences : « C’est une attitude malhonnête que de toujours brandir le spectre des croisades et de l’Inquisition d’autrefois pour refuser de s’engager dans le christianisme d’aujourd’hui ». Loin de moi l’idée de faire quelconque propagande ou même du copinage. Je garde simplement en tête l’idée que tel raisonnement n’est pas forcément erroné. Egalement, le point fort de Robert Culat est de garder toute sa partialité, en dépit de ses fonctions au sein de l’Eglise. Il n’y a aucune volonté d’endoctrinement dans ses discours. Ni dans un sens, ni dans l’autre. Notons également la présence d’une annexe relatant l’importance des pochettes pour des disques de Metal ainsi que celle des paroles. Enfin, Baalberith du site Postchrist.com nous retracera une biographie et un mode d’emploi succin mais complet de l’histoire et l’évolution du Black Metal. Parmi les seuls points négatifs que l’on peut trouver, peut-être y’a-t-il une présence abusive de statistiques et chiffres en tous genres. Bien sûr, tel était à la base l’objectif de cette étude, que de confirmer ou d’infirmer statistiquement des idées reçues, mais le lecteur s’en retrouve parfois troublé. Egalement, et on ne pourra pas réellement lui en faire le reproche, Robert Culat ne mâche pas ses mots quand il s’agit d’un passage sur ses groupes favoris qu’on devine si on ne les connaît pas : DORNENREICH et OPETH, entre autres…
Pour conclure, je dirais que ce livre est bien plus qu’un rassemblement de feuilles de papier. C’est un pont, une main qui se tend. Ce travail de plusieurs années mérite d’être connu et propagé, d’autant qu’il s’est effectué avec un objectif à la dimension humaine sous-estimée. Le plus important ne sera pas de retenir que la moyenne d’âge d’un métalleux est de 24 ans, mais plutôt qu’une brèche s’est créée, définitivement entre Metal et religion. Qu’il n’est plus une aberration que d’aller à un concert de MARDUK le samedi soir et à un office le dimanche matin. Que les barrières sont en train de s’abattre grâce au dialogue, à la conviction, au partage. Que les efforts du père Culat sont récompensés au quotidien. Il y’a encore quelques mois, j’aurais qualifié cette cohabitation et cette conclusion d’idylle, de fantasme Bisounours. Pourtant… Et si après L’Âge du Metal, vous ne savez toujours pas calculer un pourcentage…
Ajouté : Jeudi 17 Septembre 2009 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Camion Blanc Website Hits: 53389
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