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RICHARD RAMIREZ : Le Fils Du Diable (2009)





Auteur : Nicolas Castelaux
Langue : Français
Parution : 10 mars 2009
Maison d'édition : Camion Noir
Nombre de pages : 432
Genre : Biographie violente d’un tueur sans pitié
Dimension : 15 x 21 cm
ISBN-10 : 2357790083
ISBN-13 : 9782357790087








« Il n’y a pas de bonheur sans larmes, pas de vie sans mort. Je vais vous faire pleurer. »

Entre autres citations ouvrant la première partie de cet ouvrage, celle de Lucian Staniak est la plus frappante. Parce que la plus froide, la plus dénuée d’humanité. Et aussi celle qui pose le tueur en série en égocentrique maladif, celui qui se prend pour Dieu, et juge de l’utilité de la présence de certains individus sur terre.
Prendre la vie pour équilibrer les forces du bien et du mal. Alors la question reste. Les Serial Killers sont ils des représentants de la force Divine sur terre, ou le bras armé d’un diable trop fourbe pour accomplir la tâche lui-même ?
Dans le cas de Richard RAMIREZ, la question ne se pose pas. Depuis le début, il s’est dit fasciné par l’occulte, par le pouvoir maléfique de la souffrance et de la torture. Dieu ne rentre pas en ligne de compte. Les seuls critères à prendre en considération sont l’Eros et le Thanatos, très étroitement liés dans son cas. Richard RAMIREZ ne pouvait éprouver du plaisir qu’en souillant, en brisant la vie de ses victimes, psychologiquement et physiquement. Il s’en prenait indifféremment à de jeunes femmes, ou de pauvres personnes âgées impuissantes. Le goût du sang comme seul but, tel un vampire philosophique dont la soif de mort ne pouvait jamais être étanchée.
Le parti prix de l’auteur, Nicolas CASTELVAUX – coutumier des biographies sadiques et autres exploits morbides – de décrire d’une manière très graphique les meurtres commis par RAMIREZ est en parfaite adéquation avec le modus operandi du tueur, et sa philosophie. Cette Bio ne recule devant aucun détail pour choquer le lecteur (les descriptions de viols sont quasiment insoutenables), et le but avoué de décrire fidèlement un tueur à travers ses actes est parfaitement atteint.
Presque tous les crimes commis par RAMIREZ se voient offrir une tribune détaillée, et ce parcours initiatique est si criant de vérité que l’on a presque l’impression de pénétrer les arcanes sombres de son cerveau et d’assister à ces séances de torture en direct.
En dehors de la vie chaotique et misérable de Richard, qui au final, n’attire jamais la moindre compassion, tant son acharnement à détruire la vie d’innocentes victimes bien plus faibles que lui le transforme en bourreau lâche et pitoyablement accro à la cocaïne et au porno, ce livre ouvre deux débats qui nous concernent, en tant que fans de Metal, au plus haut point.
La musique violente dont nous sommes tant friands peut elle être à l’origine de comportements déviants chez les plus fragiles d’entre nous, et notre fascination pour l’occulte, la violence et l’incarnation du mal sur terre est elle justifiée en temps que gimmick inhérents à notre univers musical ?
Les procès successifs de Ozzy OSBOURNE et JUDAS PRIEST ont prouvé que si le Metal utilisait la plupart du temps la démonologie et la violence urbaine comme seules sources d’inspiration au niveau de l’imagerie et des textes, son influence pouvait être beaucoup plus grave sur des esprits déjà dérangés qui n’attendaient qu’un ultime stimulus, telle une parole sacré, pour passer à l’acte.
Le cas de Richard RAMIREZ est d’autant plus pertinent qu’il passait son temps à écouter BLACK SABBATH, JUDAS PRIEST et AC/DC, groupes de Hard Rock des années 70 qui ont le plus utilisé la violence et l’occultisme dans leur prose et dans le graphisme de leurs pochettes.
Le Heavy Metal est bien souvent cité dans ce livre, d’une manière ambiguë. Sans jamais clairement le blâmer comme unique source de déviance pour justifier le passage à l’acte d’un maniaque, l’auteur ne prend jamais le recul nécessaire à son exemption de toute responsabilité.
Il est vrai que l’écoute de ce style si agressif, si provocateur, répond à une pulsion morbide de violence intérieure, et l’utilise comme un exutoire, mais pour le bien de la communauté, la quasi-totalité des fans de Heavy Metal sont capables de faire la part des choses, et capables aussi de laisser au stade de fantasme enfoui des pulsions criminelles. Nous nous somme tous demandé un jour le sentiment que l’on pouvait éprouver lorsque l’on commet un meurtre. Et 99,99% en sont restés à cette question, sans chercher à approfondir.
Le tort du Heavy Metal, mais paradoxalement, sa force aussi, est d’utiliser une iconographie souvent basée sur la mort, la souffrance et la violence. Tant que cette exploitation en reste au stade de provocation cheap pour mettre en relief une musique si puissante que ses textes se doivent d’être en adéquation, on reste dans le domaine du graphisme bon enfant, exploitant les mêmes ressorts que ces films d’horreur de série B que l’on regarde amusé avec quelques potes. Le stade anal décrit par Freud devient alors l’ultime barrière nous empêchant de grandir et de conserver un comportement d’adolescents attardés, ce que nous sommes tous plus ou moins.
Mais quand des figures centrales comme Jonathan Davis, ou d’autres groupes influents ne laissent pas assez de distance entre leur personnage public et leur personnalité privée, la frontière entre grand guignol et psychotisme se fait plus ténue. Et le fait de savoir que ces musiciens que l’on admire prennent plaisir à collectionner des portraits, lettres, tableaux et dessins réalisés par des déments attendant leur tour dans le couloir de la mort, peut influencer le libre arbitre des jeunes qui les écoutent. Car après tout, si votre chanteur préféré exhibe avec fierté un T Shirt de Charles Manson, ou une peinture de GACY dans son salon, c’est certainement parce que ces tueurs sont des gens plutôt cools non ?
C’est du même niveau que de placer une bonbonne de Zyklon B sur votre table de séjour. La métonymie ultime.
Mais aussi une erreur grave.
Et les multiples interviews d’artistes ayant de près ou de loin fréquenté Richard RAMIREZ en continuant à lui vouer une admiration sans borne augmentent ce malaise.
Vous qui lisez ce livre, et êtes de même fans de Heavy Metal, ne vous y trompez pas. Le Metal n’a jamais fait l’apologie de la violence et du meurtre. Richard RAMIREZ n’est pas cool, c’est juste un flingué frustré et impuissant qui ne pouvait prendre son pied qu’en semant la mort, en prenant la vie de victimes sans prendre le moindre risque, un lâche, méprisable.
Prenez du recul lorsque vous lisez les paroles de certains groupes, et dites vous que tout ça n’est qu’un jeu, comme vous comprenez parfaitement que lorsque vous butez un maximum d’ennemis dans DOOM, tout reste virtuel.
Mais lisez ce livre, et attardez vous sur les passages les plus glauques, en vous mettant dans la peau de l’assassin. Si vous éprouver un malaise, voire un ecoeurement, alors tout va bien. Si l’excitation vous gagne, n’écoutez plus de Heavy Metal.
Nous n’avons pas besoin de vous.


Ajouté :  Mercredi 07 Avril 2010
Chroniqueur :  Mortne2001
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